Nom scientifique: Pelvicachromis pulcher.
Famille: Cichlidae. Ils appartiennent à la catégorie des “cichlidés nains”.
Nom commun: Pelmato pulcher, et anciennement Kribensis.
Origine géographique: Rivière d’Afrique occidentale (ouest): essentiellement le delta du Niger.
Taille: 5-6 cm pour la femelle, et 8-9 cm pour le mâle.
Pelvicachromis pulcher évoluant dans notre aquarium de 700L (volume sur-dimensionné pour ce cichlidé nain) à L’Aquaramiaud:
Femelle Pelvicachromis pulcher, en présence d’un Phenacogrammus interruptus:
Mâles Pelvicachromis pulcher: vous pouvez constater deux formes différentes qui sont présentes dans la nature (essentiellement, le fleuve Niger). L’un est plus effilé, l’autre est plus trapu et possède une couleur rouge plus vive:
Description: Que ce soit, le mâle ou la femelle, en période de frai, les couleurs de Pelvicachromis pulcher deviennent plus vives.
La femelle est pourpre sur le ventre. Elle possède une ligne noire longitudinale partant de l’œil jusqu’à la nageoire caudale. Le haut de cette ligne noire est plutôt jaune. Et pour terminer sa nageoire caudale possède 2 ou 3 anneaux remplis de noire, et elle est constituée d’un liseré jaune or en guise de crête.
Le mâle est de taille plus importante, Pelvicachromis pulcher peut aussi avoir le ventre pourpre mais de manière plus modérée. Il possède aussi une ligne longitudinale traversant son corps, elle est noire mais moins intense que celle de la femelle. Il possède un liseré jaune orange sur le haut de sa nageoire dorsale, mais aussi caudale. Parfois, il possède 2 ou 3 ronds noirs mises en relief par un anneau jaune, ce sont les plus beaux mâles. Ces deux ronds sont présents sur la fin de la nageoire dorsale, mais aussi sur la partie haute de la nageoire caudale.
Les alevins Pelvicachromis pulcher sont gris clairs tâchetés de points noirs, ils se confondent parfaitement avec le sable de rivière.
Dimorphisme sexuelle: Comment reconnaître le mâle de la femelle Pelvicachromis pulcher? Le mâle et la femelle sont très différents par leur taille et couleur.
La femelle Pelvicachromis pulcher est la plus colorée et la plus jolie, phénomène très rare chez les poissons. Pourquoi le mâle est-il de manière générale plus beau? Pour pouvoir parader, mais c’est surtout pour se faire manger en premier. En effet, un poisson avec des couleurs vives sera repérée plus rapidement par un prédateur, c’est valable aussi pour le coq et la poule faisane. Ce n’est pas une preuve d’amour, mais l’évolution qui a conduit à ce phénomène. Il vaut mieux que ce soit le mâle qui serve de proie plutôt que la femelle qui apporte la vie. En effet, certains poissons sont polygames, sûrement pour cette même raison.
Lorsqu’ils sont plus jeunes ou qu’il est difficile de voir une coloration pourpre bien prononcée sur le ventre des femelles. Il faut observer la nageoire dorsale qui est plus longue et plus effilée chez le mâle, tandis que chez la femelle, cette nageoire est plus arrondie et conserve la même hauteur sur toute sa longueur.
Une femelle adulte Pelvicachromis pulcher en période de frai:
Espérance de vie: 6-8 ans. Attention, après la mort de sa moitié, le partenaire peut se laisser mourir. Mais il y a aussi l’effet inverse, après la reproduction, le mâle peut pourchasser et tuer la femelle si l’aquarium est trop petit pour s’occuper lui-même des petits.
Caractéristiques de l’eau: Comme Pelvicachromis pulcher vit dans les rivières d’Afrique, il vit dans des eaux douces et acides, complètement différents du biotope de ses voisins dans les lacs où l’eau est dure et basique. L’acidité des eaux des rivières provient d’une eau douce où s’accumulent des feuilles et des branches qui ont un effet tampon acide sur l’eau. Par contre, les poissons d’élevage sont fortement acclimatés et tout type d’eau leur conviennent, c’est un des cichlidés les plus faciles à maintenir.
eau douce légèrement acide mais ce poisson s’acclimate très bien à une eau plus dure, et plus basique. J’en maintiens à pH 7,5-8 avec une eau plutôt dure.
pH: 6 à 8
Température: 25-27 °C
Zone de vie: sol.
Type d’aquarium: En spécifique, un couple Pelvicachromis pulcher peut vivre dans un 50-60 L. Le plus important est la surface au sol, c’est sa zone privilégiée. On peut introduire plusieurs jeunes (attention de ne pas prendre uniquement des gros, puisque vous aurez plus de chances de n’avoir que des mâles), un couple dominant va se former, et il ne vous restera plus qu’à conserver ce dernier si votre aquarium ne comporte pas assez de place ou cachette pour les autres.
Pour envisager plus d’un couple de Pelvicachromis pulcher, il faut avoir au moins un mètre de façade pour éviter les bagarres et le stress des occupants.
Décor: Un objectif peut-être de recréer leur biotope naturel. C’est une rivière, il faut donc du sable de Loire comme sol, accompagné de pierres des rivières de nos régions (voir comment les introduire dans un aquarium sans risque), et de plantes, celles de l’éco-système naturel sont les anubias et les bolbitis heudelotii (fougère du Congo).
Il est possible aussi de rajouter des branches ou racines pour compléter le décor, voir comment introduire les branches mortes ramassées.
Ce poisson est un “pondeur sur substrat caché”, il faut donc lui aménager des cachettes: demi-noix de coco ou un agencement de pierres. La femelle n’hésitera pas à creuser (pas de destruction de décor, bien-entendu) et se faufilera dans une petite anfractuosité, c’est aussi pour cette raison qu’il faut privilégier du sable comme substrat (non coupant).
Comportement: Pelvicachromis pulcher est très territorial. En période de frai, les autres espèces occupant le fond de l’aquarium vont déguster, certains pourront en mourir, notamment, les ampullaires, les corydoras. Un couple dominant va se former, et si vous avez opté pour un petit volume, il est conseillé de ne laisser qu’un seul couple. Le couple défend son territoire et pourchasse tous les intrus.
Au niveau du comportement, cette espèce est de manière générale monogame, et c’est un couple qui se forme pour la vie. En effet, certains auteurs disent que l’un des partenaires peut se laisser mourir à cause de la mort de sa moitié.
Cohabitation: Dans un volume de 50-60 litres, il faut uniquement un couple. Pour un plus grand bac, vous pouvez envisager d’autres poissons vivant en pleine eau ou surface. L’idéal est un banc de tétras du congo afin de rester dans le même biotope. Si vous envisagez d’autres poissons de fond, il faut une grande surface au sol pour que tout le monde y trouvent sont compte. Attention si vous rajoutez d’autres Cichlidés nains, surtout si ce dernier occupe le bas. En période de frai, vous risquez la catastrophe!
Le nombre d’espèce au fond dépend aussi du nombre de cachettes: territoire marqué par des amas de pierres ou des plantations bien touffues sont mieux favorables à l’ajout d’autres poissons de fond. Toutefois, attention, les corrydoras peuvent vite être attaqués, il reste plus de sage de ne pas mettre de poissons de fond sauf si vous avez une grande surface au sol.
Si vous envisagez plusieurs Pelvicachromis Pulcher, dans un 100L, un couple dominant va se former, et le reste seront des dominés, il faudra prévoir plantes et cachettes pour tous.
Expérience:
Introduction de 5 jeunes dans un 90L:
Vue globale de l’aquarium de 90L:
Très vite un mâle dominant est apparu, et il s’est accaparé la moitié de la surface du bac. Puis une femelle dominante s’est rapprochée du mâle, leur territoire s’est agrandi, et le couple défend les 2/3 du sol. Il reste 2 mâles et une femelle qui se font le plus petit possible. Par exemple, un mâle va se cacher derrière la décante et il ne reste plus au sol. Cette dominance a très vite été observée en l’espace de 15 jours!
Le territoire choisi a été celui constitué par un petit muret de pierres, où différentes cavités et recoins ont été aménagés dans l’optique d’une reproduction.
Un peu plus de 2 mois après la formation du couple dominant, la femelle s’est mise à creuser à 2 endroits près du muret. Elle prend du sable dans sa bouche et le dépose un peu plus loin pour en faire un petit tas. Pendant ce temps, le mâle dominant s’est posté sous la décante et sur le muret, il observe et est à l’affut des intrus. Parfois, ils se baladent près du muret, ou ils s’approchent de la zone libre. Si par malheur, un de ses rivaux, dominés, est visible (non caché par une grosse feuille ou au raz du sol), le mâle dominant l’intimide, puis le poursuit.
Les dominés se retrouvent confinés dans 1/4 de l’aquarium, ils se cachent soit en hauteur entre la décante et le chauffage, soit derrière une grosse feuille de Cryptocoryne Cordata. Vivement que les plantes poussent pour laisser plus de vie aux 3 dominés, ou il faudra envisager de les mettre ailleurs.
Quelques jours plus tard, la femelle à creuser une cavité sous une pierre plate! C’est impressionnant! Elle a formé un beaucoup plus gros tas de sable que sa taille.
Quinze jours, plus tard, des alevins sont près de la décante, ils ont atteint la nage libre! Leur taille est d’approximativement 3 mm et il y en a au moins une trentaine. Les parents sont encore plus agressifs, les 3 autres sont quasiment en surface! N’ayant pas prévu de nourriture, je leur distribue des paillettes. (d’après mes différentes lectures sur ce sujet, les alevins ne s’en plaignent pas) Ils se promènent en groupe et il y a toujours un des deux parents qui restent au-dessus afin de les protéger, l’autre n’est pas très loin, il pourchasse les intrus ou observe la situation et reste près à intervenir.
Les couleurs du couple dominant sont très vives, et même de nouvelles sont apparues, ce sont les couleurs de frai puis de garde pour impressionner les prédateurs ou adversaires. Le mâle a même ses nageoires pelviennes bleues!
Les parents sont très proches, les alevins se promènent en troupeaux, le père broie des paillettes, c’est un spectacle tout simplement magnifique!
4 jours plus tard, j’ai pu en dénombrer 13, et ils ont atteint la taille de 5-6 mm!
Finalement quelques semaines plus tard, je ne trouve plus d’alevins: mal nourri? manger par les autres occupants? Manque de cachettes dues à un manque de plantes (mon néon n’est pas assez puissant)? En tout cas, les autres dominés sont malmenés et ont leur nageoire grignoté. Je décide donc de les enlever (4 mois après leur introduction), ils auront droit au nouveau bac en préparation à l’aquaramiaud et le couple dominant prépare une nouvelle ponte, ils ont creusé à un autre endroit, ils seront plus tranquilles.
Sous la décante et sur le muret, le mâle dominant surveille son territoire:
La tanière de la femelle dominante:
Reproduction: Lors de l’introduction de plusieurs jeunes dans un aquarium de surface limitée, un couple dominant va se former, et les autres auront peu de places à leur disposition.
La femelle dominante va choisir un lieu de ponte et va le préparer. Elle va choisir une zone près de pierres ou demi-noix de coco, elle n’hésitera pas à creuser: elle prend du sable dans sa bouche et le dépose plus loin ce qui va créer un petit tas de sable. Comportement très intéressant à observer.
Ensuite, la femelle prête ira chercher le mâle dominant pour l’emmener dans son nid, cette parade est menée par la femelle, d’où les couleurs plus vives de cette dernière. Le mâle prend aussi sa plus belle robe, et sa parade consiste en une vibration de tout son corps!
Des œufs seront déposés et fécondés à l’intérieur de la cavite, c’est un pondeur sur substrat caché. Ensuite les oeufs éclosent, et les parents s’en occupent jusqu’à la nage libre et même après, ils défendront farouchement leur progéniture contre tout prédateur. C’est un spectacle magnifique à observer! Bien sûr, la présence de gros prédateurs ou d’un nombre trop importants de petits prédateurs conduit à l’échec.
De plus, au moment de la reproduction, et même après pendant la garde, les parents ont des couleurs vives magnifiques, le mâle a même les nageoires pelviennes bleues, tout simplement magnifique!
Comment élever les alevins? Les alevins de pelmato sont faciles à élever mais j’ai pu constater la mort d’un groupe de manière régulière. Voici une liste des hypothèses que j’ai pu émettre au fil de leur observation et de leur comportement:
> Un problème de nourriture, il ne faut pas hésiter à broyer des paillettes. J’ai mené à terme une bonne partie des alevins de cette manière. Il faut que le nourrissage soit effectué de manière régulière, mais pas intense afin d’éviter une montée de nitrate.
> Parfois, si le couple est seul il peut s’ennuyer, et du coup laisser à l’abandon les alevins… Une fois, le mâle a même tué sa femelle! Et il a continué à élever seul les alevins. Dans ce cas, il peut-être intéressant de rajouter des platys, ou si le volume est suffisant des tétra du Congo.
Nourriture: Les poissons d’élevage sont très bien acclimatés, et ils mangent de tout: paillette, nourriture congelée, nourriture vivante. Il est conseillé de varié les aliments pour obtenir de meilleur sujets apte à la reproduction et à élever les jeunes.
Anecdotes: Ce poisson est très fascinant lorsqu’il se reproduit. Le spectacle est magnifique. La mère attrappe dans sa bouche les petits qui s’égare pour les recracher dans le groupe.
Et quel spectacle d’admirer les parents défendant leur progéniture. Dans un bac de 800L avec d’autres Pelvicahromis Pulcher et des Phenocogrammus Intereptus, le couple dominant a défendu et fait grandir une dizaine d’alevins jusqu’à qu’ils puissent n’être plus considéré comme une proie!
Une autre remarque. Le couple s’est reproduit, et le couple a tué un jeune platy et une femelle guppy: ils sont morts d’épuisement… Mais après 3 semaines de nage libre, le mâle a chassé violemment la femelle: nageoire caudale fortement abîmée, et elle est restée blottie un moment caché dans des grandes feuilles d’échinodorus… Je l’ai enlevé du bac pour éviter sa mort…
Une vielle photo du bac en question (j’avais enlevé les platys et laissé uniquement un, une erreur… j’aurai dû tous les enlever ou aucun, le groupe aurait résisté):
Dans ce même bac: il y avait uniquement mon couple. Suite à une frai de nombreux alevins sont nés, mais le mâle a décidé de garder les alevins seuls et pourchasser violemment la femelle. J’ai dû la retirer mais c’était trop tard, elle n’a pas survécu aux coups… Suite à une période de vacances, les alevins n’ont pas survécu (panne de pile dans le distributeur de nourriture…) Un peu déçu et étonné face aux différentes lectures d’articles de magazine, où il parle de “couple uni à vie”? Est-ce le cas pour des spécimens sauvages? Trop de consanguinité dans la souche que j’ai? Pas de prédateurs, et du coup, le mâle c’est senti essentiel? jalousie du mâle? Difficile de savoir hélas…
Autres photographies:
Femelle dominante sur son territoire:
Le couple dominant a la chasse aux intrus:
Questions fréquentes (FAQ):
Pourquoi le mâle pourchasse-t-il la femelle?
Si vous introduisait un couple pris dans une animalerie ou chez un particulier, sans avoir pris soin d’être sûr que ce soit un couple confirmé, il se peut que le mâle et la femelle ne s’entendent pas, puisque c’est un mariage forcé. Il est préférable d’introduire plusieurs jeunes et le couple se formera naturellement.
Comment être sûr d’avoir un nombre suffisant de jeunes pour obtenir au moins un mâle et une femelle?
Réponse mathématique sous la forme d’un petit problème de probabilité.
Est-ce que les pelmatos sont des destructeurs de décor (retourne ou creuse dans le sable)? Mangent-ils les plantes?
Les cichlidés ont cette réputation (essentiellement ceux des lacs africains), mais Pelvicachromi Pulcher contredit ce fait. Ils ne toucheront pas aux plantes, et elles seront préférables pour que les dominés puissent s’y cacher. Ensuite, les femelles peuvent creuser dans le sable sous une pierre pour pouvoir y pondre. Ce retournement de sol n’est pas très gênant mais spectaculaire, pour éviter que le sol nutritif remonte, il suffit de mettre une couche de 3-4 cm de sable. Attention, la femelle est une vraie pelleteuse! Certains mettent des demi-noix de coco, et la femelle ne creuse pas, mais il y a une perte de la magie selon moi.
Source:
mes observations avec mon aquarium de 90L et de surface 60×30 contenant 5 jeunes depuis le départ.
mes différentes lectures, notamment les revues:
Aquarium Magasine, n°46 – Octobre 1989
Aquarium Magasine, n°102 – Septembre 1994
Frédéric Rival